D'une Obligation Formelle à un Levier Stratégique de Carrière
Le paysage du travail français est confronté à des mutations structurelles profondes : le vieillissement de la population active, l'accélération des transitions professionnelles imposées par les transformations technologiques et écologiques, et un besoin croissant de moderniser le dialogue social au sein de l'entreprise.1 C'est dans ce contexte que s'inscrit la réforme de l'entretien professionnel, une évolution législative majeure qui dépasse le simple ajustement technique pour répondre à des enjeux de société.
L'ambition du législateur est claire : transformer un rendez-vous souvent perçu comme une formalité administrative 1 en un véritable outil stratégique de pilotage des carrières et de gestion prévisionnelle des emplois et des parcours professionnels (GEPP).3 Le changement de terminologie, de l'« entretien professionnel » à l'« entretien de parcours professionnel » (EPP), est en soi révélateur. Il marque un changement de perspective, d'une vision à court terme vers une approche holistique et prospective de la carrière du salarié.
Cette transformation est portée par le Projet de loi portant transposition des accords nationaux interprofessionnels en faveur de l'emploi des salariés expérimentés et relatif à l'évolution du dialogue social.2 Les nouvelles dispositions, qui modifient en profondeur l'article L. 6315-1 du Code du travail, entreront en vigueur le 1er octobre 2026.4
Ce rapport propose une analyse exhaustive de cette réforme. Il dresse d'abord le bilan du dispositif actuel pour en comprendre les limites, avant de décortiquer les nouvelles dispositions de l'EPP. Il évalue ensuite les implications pratiques pour les entreprises et les salariés, et fournit enfin des recommandations stratégiques pour une mise en œuvre réussie, transformant cette nouvelle obligation en une opportunité de développement partagée.
L'Entretien Professionnel avant la Réforme - Bilan et Limites du Dispositif (2014-2026)
Fondements Juridiques et Objectifs du Dispositif Actuel
Institué par la loi du 5 mars 2014 relative à la formation professionnelle, à l'emploi et à la démocratie sociale 9, l'entretien professionnel est codifié à l'article L. 6315-1 du Code du travail.9 Il constitue une obligation légale pour tous les employeurs, indépendamment de la taille de l'entreprise ou de la nature du contrat de travail des salariés (CDI, CDD, temps partiel, etc.).9
Sa finalité est explicitement distincte de celle de l'entretien annuel d'évaluation, qui se concentre sur la performance du salarié par rapport à ses objectifs.10 L'entretien professionnel, lui, est tourné vers l'avenir : il est consacré aux perspectives d'évolution professionnelle du salarié, notamment en termes de qualifications et d'emploi.12 L'objectif est de rendre le salarié acteur de son parcours et de co-construire un projet professionnel qui soit en adéquation avec les besoins stratégiques de l'entreprise.14
La Mécanique Biennale et le Bilan à 6 ans
Le dispositif actuel repose sur une mécanique temporelle précise :
- Périodicité biennale : Un entretien doit être organisé tous les deux ans pour chaque salarié.10
- Contenu obligatoire : Au cours de cet échange, l'employeur doit informer le salarié sur la Validation des Acquis de l'Expérience (VAE), l'activation de son Compte Personnel de Formation (CPF) et les possibilités d'abondement, ainsi que sur le dispositif du Conseil en Évolution Professionnelle (CEP).14
- Bilan récapitulatif à 6 ans : Tous les six ans, un entretien "état des lieux" plus approfondi doit être mené. Il permet de vérifier que le salarié a bien bénéficié de ses entretiens biennaux et d'au moins deux des trois mesures suivantes : 1) avoir suivi au moins une action de formation ; 2) avoir acquis des éléments de certification par la formation ou la VAE ; 3) avoir bénéficié d'une progression salariale ou professionnelle.11
Sanctions et Limites du Dispositif
Pour les entreprises d'au moins 50 salariés, le non-respect de ces obligations est sanctionné. Si, au terme des six ans, le salarié n'a pas bénéficié de l'ensemble de ses entretiens et d'au moins une formation non obligatoire, l'employeur doit verser un abondement correctif de 3 000 € sur le CPF du salarié concerné.1
Malgré ses ambitions, le dispositif a montré ses limites. La périodicité fixe et rapprochée de deux ans, pensée pour assurer un suivi régulier, a paradoxalement favorisé une certaine forme de bureaucratisation du processus. Par souci de conformité et pour gérer le volume d'entretiens, de nombreuses entreprises ont eu recours à des trames standardisées, transformant parfois ce moment d'échange en un simple exercice de "remplissage de formulaire".1 Les managers, souvent insuffisamment formés à cet exercice spécifique et distinct de l'évaluation, pouvaient le percevoir comme une charge administrative supplémentaire, le vidant ainsi de sa substance.18 En conséquence, l'objectif de co-construction d'un parcours stratégique était souvent manqué, l'entretien devenant un acte formel et réactif plutôt qu'un dialogue prospectif. La réforme de 2026 vise précisément à briser ce cycle en espaçant les rendez-vous systématiques pour leur redonner du poids et en introduisant des points de contact ciblés sur des moments clés de la carrière.
L'Entretien de Parcours Professionnel (EPP) - Analyse Détaillée de la Réforme de 2026
2.1. Une Nouvelle Périodicité Alignée sur les Rythmes de Carrière
La réforme modifie en profondeur le calendrier des entretiens, abandonnant le rythme biennal systématique pour une approche plus espacée et événementielle. Le nouveau calendrier standard est le suivant :
- Un premier entretien dans l'année qui suit l'embauche du salarié.
- Ensuite, un entretien tous les quatre ans.
- Un état des lieux récapitulatif tous les huit ans.1
Cet espacement de quatre ans entre les entretiens systématiques vise à alléger la charge administrative perçue et à favoriser des discussions plus stratégiques et approfondies.1 Cependant, pour éviter des périodes sans suivi, le législateur a introduit des entretiens "événementiels" obligatoires, qui agissent comme des jalons de carrière. Le système devient ainsi hybride, combinant un rythme de fond (quatre ans) avec des points de contact déclenchés par des événements clés : l'embauche (1 an), la mi-carrière (45 ans), la fin de carrière (58-59 ans), et le retour d'une absence de longue durée.1 Cette nouvelle logique exige des services RH une vigilance accrue et un pilotage plus individualisé, non plus basé sur une simple échéance calendaire mais sur le profil et la situation de chaque collaborateur.
2.2. Un Contenu Enrichi et Stratégique : Les Cinq Axes Obligatoires
Pour garantir la richesse des échanges, la loi structure désormais l'EPP autour de cinq thématiques obligatoires, qui transforment l'entretien en une véritable revue de carrière 1 :
- Les compétences mobilisées et à développer : Une analyse de l'existant et des compétences à acquérir pour le poste actuel et futur.
- Les évolutions possibles du métier du salarié : Une discussion prospective intégrant les transformations sectorielles (numérique, écologique, etc.) pour anticiper l'obsolescence des compétences.23
- Les besoins de formation à court et moyen terme : Un lien direct et concret avec le plan de développement des compétences de l'entreprise.
- Les souhaits d'évolution ou de reconversion (interne ou externe) : Une ouverture explicite à la mobilité en dehors de l'entreprise, ce qui renforce le rôle de l'employeur dans le maintien de l'employabilité globale du salarié sur le marché du travail.
- Les dispositifs mobilisables : Le maintien de l'obligation d'informer sur les outils existants (CPF, CEP, VAE, etc.).
2.3. Les Nouveaux Rendez-vous Ciblés : Focus sur les Salariés Expérimentés
La réforme introduit deux nouveaux entretiens obligatoires, qui ancrent l'EPP au cœur des politiques de gestion des âges et de santé au travail.
- L'entretien de mi-carrière : Il doit être organisé dans les deux mois suivant la visite médicale de mi-carrière, qui a lieu aux alentours du 45ème anniversaire du salarié.1 Cet entretien a pour but d'aborder la prévention de l'usure professionnelle, l'adaptation du poste de travail et les projets de seconde partie de carrière. Une garantie de confidentialité essentielle est prévue : l'employeur n'a pas accès aux données de santé du salarié issues de la visite médicale.6
- L'entretien de fin de carrière : Prévu pour les salariés approchant la soixantaine (vers 58-59 ans), il vise à préparer et aménager la transition vers la retraite (retraite progressive, temps partiel) et à organiser la transmission des savoirs et compétences.1
En liant l'EPP à la visite médicale de mi-carrière, la loi crée une passerelle inédite entre la gestion des ressources humaines et la santé au travail.6 Elle contraint les entreprises à intégrer la dimension de la soutenabilité du travail dans leur stratégie RH. Par ailleurs, l'entretien de fin de carrière devient un outil stratégique pour l'entreprise, lui permettant de capitaliser sur l'expérience des seniors, d'organiser le tutorat et de lutter contre la perte de compétences critiques liée aux départs en retraite. L'EPP devient ainsi un instrument central pour une politique RH qui gère activement les différentes phases de la vie professionnelle et organise une GEPP intergénérationnelle.
2.4. Le Maintien des Sanctions et la Flexibilité par Accord
Le caractère impératif de la réforme est souligné par le maintien de la sanction financière. Pour les entreprises de 50 salariés et plus, le manquement aux obligations du bilan des 8 ans entraînera toujours un abondement correctif de 3 000 € sur le CPF du salarié.1 Parallèlement, une certaine flexibilité est accordée : un accord d'entreprise ou de branche peut prévoir une périodicité différente pour les entretiens, à condition que celle-ci n'excède pas quatre ans.22
Tableau Comparatif Détaillé : Entretien Professionnel vs. Entretien de Parcours Professionnel
Pour offrir une vision synthétique et opérationnelle des changements, le tableau suivant compare point par point l'ancien et le nouveau dispositif.
Critère
Entretien Professionnel (Dispositif 2014-2026)
Entretien de Parcours Professionnel (Dispositif post-1er oct. 2026)
Sources
Nom Officiel
Entretien Professionnel
Entretien de Parcours Professionnel (EPP)
Fondement Légal
Art. L. 6315-1 du Code du travail (version pré-réforme)
Art. L. 6315-1 du Code du travail (version modifiée par la loi "emploi des salariés expérimentés")
Objectif Principal
Étudier les perspectives d'évolution professionnelle (qualifications, emploi)
Piloter le parcours sur le long terme, anticiper les transitions, maintenir l'employabilité et prévenir l'usure
Périodicité Standard
Tous les 2 ans
1er entretien dans l'année suivant l'embauche, puis tous les 4 ans
Bilan Récapitulatif
Tous les 6 ans ("état des lieux")
Tous les 8 ans ("état des lieux récapitulatif")
Contenu Obligatoire
Informations sur VAE, CPF, CEP
5 axes obligatoires : compétences, évolutions métier, besoins formation, souhaits évolution/reconversion, dispositifs mobilisables
Entretiens Spécifiques
Proposé systématiquement au retour de certaines absences (maternité, longue maladie, etc.)
Entretien de mi-carrière (post-visite médicale des 45 ans). Entretien de fin de carrière (vers 58-59 ans).
Gestion du Retour d'Absence Longue
Systématiquement proposé
Proposé uniquement si aucun EPP n'a eu lieu dans les 12 mois précédant la reprise
Sanction (≥50 salariés)
Abondement correctif CPF de 3 000 € en cas de manquement au bilan des 6 ans
Maintenue et adaptée au bilan des 8 ans
Flexibilité (Accord collectif)
Possible pour la périodicité et les modalités du bilan
Périodicité adaptable par accord, mais ne peut excéder 4 ans
Accompagnement TPE-PME
Information via les OPCO
Accompagnement renforcé : appui du CEP pour le salarié, conseil de proximité de l'OPCO pour l'employeur, possibilité d'accompagnement externe
Implications Pratiques pour l'Entreprise : De la Conformité à l'Opportunité
4.1. Refonte des Processus et Calendriers RH
La transition vers l'EPP exige une réingénierie complète des processus RH. Les entreprises devront auditer leurs pratiques actuelles et planifier une reprogrammation intégrale des calendriers d'entretiens pour s'aligner sur les nouvelles échéances de 2026.1 Il sera crucial de mettre en place un système de suivi et d'alerte fiable pour les "jalons de carrière" (date d'embauche, 45ème anniversaire, retours d'absence longue) afin de déclencher les entretiens événementiels en temps voulu.
4.2. Formation des Managers : La Transition vers un Rôle de "Career Coach"
Le succès de l'EPP repose en grande partie sur la capacité des managers à en être les principaux acteurs. Ils devront être formés aux nouveaux contenus, notamment aux cinq axes obligatoires, pour dépasser la simple discussion sur la formation et aborder avec aisance des sujets prospectifs comme l'évolution du métier ou les souhaits de reconversion.1 Cela implique de développer des compétences d'écoute active, de questionnement ouvert et de conseil en carrière, transformant leur rôle d'évaluateur de la performance en celui de "coach de carrière".23
4.3. Mise à Jour des Outils et du SIRH
Les outils de support devront être adaptés. Les grilles d'entretien doivent être entièrement revues pour intégrer les cinq axes et les spécificités des entretiens de mi et fin de carrière.1 Le Système d'Information des Ressources Humaines (SIRH) devra être paramétré pour gérer la nouvelle périodicité et les alertes liées aux jalons de carrière. L'utilisation d'outils spécialisés dans la gestion des entretiens peut s'avérer précieuse pour automatiser, sécuriser et tracer l'ensemble du processus.1
4.4. Les Nouvelles Obligations de Traçabilité et la BDESE
La réforme renforce les exigences de traçabilité et d'archivage, qui doivent être irréprochables pour prouver la conformité en cas de contrôle ou de contentieux.1 De plus, de nouvelles informations devront être intégrées dans la Base de Données Économiques, Sociales et Environnementales (BDESE), notamment le nombre de salariés bénéficiaires de l'EPP et un bilan annuel de leur mise en œuvre.5 Cette obligation accroît la transparence vis-à-vis des représentants du personnel et ancre l'EPP dans le dialogue social de l'entreprise.
4.5. Spécificités pour les TPE-PME : Un Accompagnement Renforcé
Conscient que les TPE-PME disposent rarement de services RH structurés 9, le législateur a prévu un accompagnement renforcé pour les entreprises de moins de 300 salariés.22 Les employeurs pourront bénéficier d'un "conseil de proximité" de leur Opérateur de Compétences (OPCO) pour les aider à préparer et mener les entretiens.7 Parallèlement, les salariés peuvent mobiliser le CEP pour préparer l'échange. Ces dispositifs externes et gratuits visent à rééquilibrer les moyens entre les petites et les grandes structures, offrant aux TPE-PME une opportunité de professionnaliser leur gestion des carrières sans avoir à supporter des coûts internes prohibitifs.22
Le Point de Vue du Salarié : Se Préparer et Devenir Acteur de son Parcours
Comprendre les Enjeux du Nouvel Entretien
Pour le salarié, l'EPP représente une opportunité majeure. Il ne s'agit plus d'un simple point sur les formations suivies, mais d'un moment privilégié, sanctuarisé, pour prendre du recul sur sa carrière, réfléchir à ses motivations profondes, exprimer ses aspirations et co-construire son avenir professionnel avec le soutien de son employeur.21
Guide Pratique de Préparation
Une préparation en amont est essentielle pour tirer le meilleur parti de cet échange. Il est recommandé au salarié de structurer sa réflexion en trois temps :
- Faire le bilan de son parcours : Lister ses expériences passées, les différents postes occupés, les formations suivies, et surtout identifier les compétences clés acquises et les réussites marquantes.21
- Analyser ses activités actuelles : Décrire ses missions quotidiennes, identifier celles qui sont les plus motivantes et celles où un besoin de progression se fait sentir. C'est aussi l'occasion de réfléchir à de nouvelles activités qui pourraient être intéressantes (projets transverses, tutorat, etc.).21
- Projeter ses projets futurs : Formuler clairement ses souhaits d'évolution, que ce soit au sein de son métier actuel ou vers un autre. Il est important d'identifier les besoins en formation nécessaires pour atteindre cet objectif, ainsi que les éventuels freins (contraintes personnelles, mobilité) et les solutions pour les lever.21
Exemples de Questions pour Guider la Réflexion
Pour nourrir cette préparation, le salarié peut se poser des questions telles que :
- Sur le parcours : "Quelles sont les trois compétences que j'ai le plus développées ces quatre dernières années?" "Quelles sont mes plus grandes fiertés professionnelles?".21
- Sur le présent : "Mon métier est-il en train d'évoluer et comment puis-je m'y préparer?" "Quelles sont les missions qui me donnent le plus d'énergie et celles qui m'en prennent le plus?".21
- Sur l'avenir : "Si je me projette dans 3 à 5 ans, où aimerais-je être professionnellement?" "Ai-je un projet de reconversion, même lointain, et quelles seraient les premières étapes pour l'explorer?".21
De son côté, le manager pourra animer l'échange avec des questions ouvertes comme : "Comment voyez-vous votre poste évoluer face aux changements de notre secteur?" ou "Au-delà de votre poste actuel, quelles sont vos aspirations professionnelles à moyen terme?".27
Recommandations Stratégiques et Juridiques pour une Mise en Œuvre Réussie
Intégrer l'EPP dans la GEPP
L'EPP ne doit pas être un processus RH isolé. Pour maximiser sa valeur, les données agrégées et anonymisées issues des entretiens (besoins en compétences émergentes, souhaits de mobilité, alertes sur l'usure professionnelle) doivent impérativement alimenter la stratégie de GEPP de l'entreprise ainsi que son plan de développement des compétences.4
Sécuriser Juridiquement le Processus
Une rigueur juridique est indispensable pour sécuriser le déploiement de l'EPP :
- Formalisation : Rédiger des comptes-rendus clairs, précis et co-signés, qui tracent les points abordés et les engagements pris de part et d'autre. Une copie doit systématiquement être remise au salarié.14
- Confidentialité : Garantir une confidentialité absolue concernant les informations relatives à la santé lors de l'entretien de mi-carrière, en dissociant formellement le compte-rendu RH de tout élément médical.22
- Gestion de la preuve : Mettre en place un archivage sécurisé et pérenne des convocations, des comptes-rendus et des justificatifs des actions menées (formations, certifications). Cette traçabilité est essentielle pour justifier du respect des obligations lors du bilan des 8 ans et en cas de contentieux.
Anticiper la Transition dès Maintenant
Il est fortement recommandé de ne pas attendre l'échéance de 2026. Les entreprises ont tout intérêt à commencer dès 2025 à former leurs managers, à revoir leurs grilles d'entretien et à communiquer en interne sur les objectifs et les modalités de la réforme. Le lancement d'un projet pilote au sein d'un service peut être une excellente manière de tester les nouveaux processus et outils avant un déploiement global.
Mobiliser les Aides Externes (pour les TPE-PME)
Les TPE-PME doivent se saisir des dispositifs d'appui prévus par la loi. Il est conseillé de contacter son OPCO dès que possible pour connaître les modalités du "conseil de proximité" et d'informer activement les salariés sur la possibilité de recourir gratuitement au CEP pour préparer leur entretien.7
Vers un Dialogue Professionnel Renouvelé et Prospectif
La réforme de 2026 marque un tournant décisif. Elle consacre la fin de l'entretien professionnel comme simple obligation périodique pour l'établir comme un processus continu, stratégique et individualisé de gestion des parcours. Le glissement sémantique vers l'« entretien de parcours professionnel » est le reflet d'un changement de paradigme : on passe d'une logique de "constat" à une logique de "construction".
Correctement mis en œuvre, l'EPP se révèle être un contrat gagnant-gagnant. Pour le salarié, il devient un outil puissant pour sécuriser son employabilité, anticiper les transitions et piloter activement sa carrière. Pour l'entreprise, il se transforme en un levier majeur de fidélisation des talents, d'anticipation des besoins en compétences, de prévention des risques psychosociaux et d'adaptation aux défis économiques et sociaux.
Le succès de cette réforme ne se mesurera pas uniquement à l'aune de la conformité juridique. Il dépendra de la capacité des entreprises, de leurs dirigeants, de leurs services RH et de leurs managers à insuffler une véritable culture du développement professionnel et du dialogue de carrière à tous les niveaux de l'organisation.



